top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurExoticFibers

Des fibres produites par des bactéries

La fermentation du vin, élément déclencheur du projet.

Tout commence en 2006 lorsque Gary Cass observe une couche semblable à de la peau à la surface d’une cuve de vin qui a tourné, attaquée par des bactéries acétiques (qui amorcent le processus de transformation du vin en vinaigre). Ces bactéries, plus précisément les Acetobacter, commencent par oxyder l’alcool en éthanal puis en acide acétique. De plus lorsqu’elles sont cultivées dans une solution contenant du glucose, elles produits de la cellulose fibreuse, ce qui explique la présence de substance cellulosique à la surface du vin.

Intéressé par cette substance, Gary Cass s’est associé au designer Donna Franklin pour travailler sur le projet Fermented Fashion, et le résultat de ce projet est la création d’une robe qu’ils nomment Micro’be. Ils récoltèrent donc ces feuilles de cellulose pour les appliquer directement sur mannequin. Le matériau sèche, les différentes pièces adhèrent naturellement les unes aux autres (pas de couture) et l'ensemble rétrécit en s’adaptant aux formes du mannequin.

Figures 1 et 2 : prototype de la robe issue de la fermentation du vin


La robe obtenue est fragile, a le parfum du vin et sa teinte est rouge comme le vin.

Ces caractéristiques ne sont pas optimales mais ce nouveau “textile” a l’avantage d’être facile à fabriquer et peu coûteux. En effet lors d’une récolte de vin, les plus belles grappes sont ramassées alors que les moins belles sont jetées ou laissées par terre : on pourrait donc se servir de ces déchets pour la production.

Concernant l’odeur de vin, elle peut être supprimée via l’utilisation de produits chimiques,

mais pour Gary Cass cela est contraire à l'atout écologique de la robe. Il confie qu’il aimerait que les futurs consommateurs privilégient le fait que ce textile est respectueux de l’environnement et surpassent donc le défaut de l’odeur.


Perfectionnement du procédé

Le projet Fermented Fashion donne naissance en 2014 à l’entreprise Nanollose (https://nanollose.com/) en Australie, dont Gary Cass est directeur non-exécutif. Cette entreprise a pour but d’approfondir les recherches de Fermented Fashion.

En 2015 une nouvelle robe est alors créée, cette fois-ci grâce à la fermentation bactérienne de la bière.

Figure 3 : Beer Dress


La “Beer Dress” a donc été créée selon le même procédé que le prototype en vin, mais les caractéristiques (et l’aspect) de cette nouvelle création sont bien meilleures : le textile est doux, blanc, sans odeur et ressemble en fait au coton (autant chimiquement qu’au toucher).

De plus, contrairement à son prédécesseur, ce nouveau tissu, nommé "Nanollose Microbial Cellulose" se plie et se drape. Ce prototype est donc tout à fait portable. A nouveau dessinée par Donna Franklin et Gary Cass, les motifs de la jupe rappellent le houblon, et le bustier est agrémentée de perles pour faire penser aux bulles de la bière.


De la cellulose bactérienne à la viscose

Nanollose ne s’est pas arrêté à la Beer Dress. Depuis 2018, la société développe une viscose dont la matière première serait produite par des bactéries.

Le procédé est le suivant:

Les bactéries Acetobacter fermentent naturellement dans des déchets liquides provenant de l’industrie alimentaire. Les bactéries produisent donc de la cellulose, et cette cellulose microbienne est ensuite convertie en fibres de rayonne en utilisant la “technologie Nanollose” (nous n’avons cependant pas plus d’informations concernant le procédé viscose que la société utilise). Le résultat obtenue est un fil de viscose compatible avec l’ensemble des équipements de fabrication et de traitement actuels.

Figure 4 & 5 : Récapitulatifs du procédé


L'intérêt de ce fil de cette viscose repose donc sur sa matière première qui est la cellulose microbienne, ressource durable.

La productivité est très élevé : si l’on considère une surface équivalent à un stade de football (100 x 70 m), cela permet de produire 115 tonnes de cellulose microbienne par an, en récoltant la fibre tous les 10 à 15 jours. De plus cette production peut être verticale, pour rentabiliser davantage la surface dédiée à cette production.

De plus, les conditions de culture de ces bactéries sont très simples : la fermentation est naturelle et ne requiert pas de terre, soleil, fertilisant, pesticide ni de grande quantité d’eau.

Enfin les bactéries grandissent et produisent la cellulose à partir de déchets organiques industriels et agricoles.

L’ensemble de ces critères permet donc de minimiser l’impact environnemental de la viscose produite, c'est une alternative durable aux formes traditionnelles de cellulose à base d'arbre.

Pour finir, voici un aperçu du premier pull tricoté avec cette fibre.

Figure 6: Tricot réalisé en viscose de la société Nanollose



Sources

Interview de Gary Cass, disponible sur : <https://www.youtube.com/watch?v=gv7ktspZXII> (Novembre 2018)

GREENY BIRD DRESS - “Robe en houblon : La mode fermentée”, disponible sur : <http://www.greenybirddress.fr/robe-houblon-mode-fermentee/> (Janvier 2019)

Site de Nanollose : <https://nanollose.com/> (Février 2019)

621 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page