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  • Photo du rédacteurExoticFibers

Faire "pousser" son textile à base de champignons

Savez-vous que le champignon pourrait être une alternative écologique au cuir animal, ou qu’il serait source de création avec une nouvelle forme de textile ?

Des chercheurs y travaillent actuellement en étudiant le mycélium, partie végétative du champignon. Cette partie souterraine qui assure la croissance du champignon peut recouvrir plusieurs mètres carrés, et représente jusqu’à 99% du poids du champignon.


Faire “pousser” du textile dans une boîte de pétri

Dans son laboratoire de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas), la designer Aniela Hoitink développe un textile biodégradable fait à partir de mycélium, appelé MycoTex (https://neffa.nl/mycotex/).

Pour cela, elle fait pousser du mycélium dans de boîte de pétri. Deux semaines plus tard, elle récolte la substance puis la laisse mariner dans un liquide organique. Enfin elle assemble les différents disques de mycélium obtenues directement sur mannequin. En séchant, les disques de mycélium se collent naturellement ensemble.


Figure 1 : Robe confectionnée avec le procédé MycoTex


Le projet est encore au stade du prototype, cependant comme vous pouvez le voir ci-dessus, Aniela Hoitink a créé une robe grâce à ce procédé. Cette robe et son invention lui ont valu de gagner le global change award de H&M en 2018.

La designer continue de travailler sur les caractéristiques de MycoTex à améliorer : la résistance du “tissu” (il se déchire facilement) et l’odeur de champignon qu’il dégage.

Ce procédé a un réel potentiel écologique : le textile obtenu est 100% biodégradable, nécessite peu d’eau (compter 12 litres pour créer la robe, contre 2500 pour un t-shirt en coton). De plus les vêtements confectionnés ont une durée de vie de 1 à 2 ans. Il faudrait donc révolutionner notre mode de consommation, mais cela paraît possible à l’heure ou la fast fashion domine le marché de l’habillement : les consommateurs pourraient acheter de nouveaux produits et jeter les anciens qui se dégraderont naturellement. MycoTex aiderait dans la lutte contre le gaspillage.

Enfin MycoTex est également déperlant et antimicrobien. On pourrait donc envisager dans le futur la confection de rideaux antimicrobiens à destination des hôpitaux, ou plus généralement des applications dans le prêt à porter.


Une alternative au cuir animal : le cuir de champignon

On peut déjà trouver quelques sociétés commercialisant ces cuirs de champignon. Certains on un véritable aspect cuir (MycoWorks, MycoTech, Mogu), d’autres un aspect daim (Muskin développé par Grado Zero Escape).

A nouveau, c’est le mycélium du champignon qui est utilisé. Il est cultivé dans des déchets organiques agricoles (c’est en tout cas le cas pour les 4 sociétés évoquées plus haut, peut être que d’autres producteurs n’utilisent pas forcément un substrat organique issu de déchets) , où il va se densifier en formant un réseau de fibres.

Ensuite le procédé diverge selon le résultat souhaité : pour obtenir un simili-cuir le mycélium sera séché puis passé au four, alors que pour obtenir un cuir au toucher et à l’aspect daim un procédé de tannage végétal est utilisé.

Figures 2 à 5 : Cuirs de MycoWorks, MycoTech, Mogu et Zero Grado Espace


Tout comme le procédé boîte de pétri, le procédé cuir nécessite très peu d’eau et aucun traitement chimique n’est utilisé. Le textile en résultant est biodégradable et antibactérien.

Les simili-cuirs sont déperlants, mais le muskin (aspect daim) est lui hydrofuge, mais l’application d’une cire écologique peut lui conférer la propriété d’imperméabilité. Le muskin est de plus très doux, plus que le daim.

Ces nouveaux textiles sont donc des alternatives eco-friendly et durables au cuir animal.


Conclusion : osez le champignon !

Ces nouveaux textiles naturels à base de mycélium présentent de solides avantages environnementaux.

Cependant, des obstacles nécessitent d’être surpassés avant que ces matières soient accessibles à tous.

Tout d’abord le procédé boîte de pétri doit continuer sur sa lancée mais doit absolument trouver le moyen d’être résistant mécaniquement.

De plus, le processus de production de ces textiles est très lent, ce qui rend difficile la création de produits qui seraient vendus à grande échelle

Finalement un obstacle éventuel est la perception de cette matière par le consommateur. Une fibres produite par des champignons en utilisant des déchets peut repousser. Il faut espérer que le consommateur saura reconnaître l’aspect écologique de ces textiles.



Sources

Site web MycoTex, disponible sur : <https://neffa.nl/mycotex/> (Novembre 2018)

MATERIAL DISTRICT - “MycoTex : textile made from mushroom mycelium”, disponlible sur : <https://materialdistrict.com/article/mycotex-textile-mushroom-mycelium/> (Janvier 2019)

Site web MycoWorks, disponlible sur : <https://www.mycoworks.com/> (Novembre 2018)

Site web Mycotech, disponible sur : <https://www.mycote.ch/mylea> (Février 2019)

Site web Grado Zero, disponible sur : <https://www.gradozero.eu/index.php?pg=muskin&lang=en> (Novembre 2018)

Site web Mogu, disponible sur : <https://www.mogu.bio/> (Février 2019)

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