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La ramie : une « soie végétale » vraiment écolo ?

Dernière mise à jour : 17 févr. 2019

La ramie fait partie de la famille des orties, est originaire d’Extrême-Orient et est l’une des plus anciennes plantes utilisées comme fibres textiles puisqu’elle est exploitée depuis 6000 ans. Dans l’Égypte Ancienne, elle représentait un des principaux constituants des bandelettes sur les momies.


Malgré son appartenance à la même famille, les caractéristiques et propriétés des fibres différent de celles de l’« ortie » mentionnée dans un autre article (« Les vêtements à base d’ortie : déjà en magasin en France ! » disponible ici), comme l’espèce Girardinia diversifolia cultivée dans l’Himalaya et utilisée dans les articles confectionnés par Natural Ethics.


Les fibres de ramie, ayant la particularité d’être non urticantes, sont cultivées en Chine, au Brésil, aux Philippines, en Inde, en Corée du Sud et en Thaïlande. En conditions favorables, elles donnent plusieurs récoltes par an (de 2 à 5), la production pouvant atteindre 300 tonnes/hectare, contre 2 à 4 tonnes/hectare pour le coton.


Procédé d’obtention des fibres


Cette fibre naturelle végétale est très peu répandue dans la conception de tissus en raison de la difficulté de l’extraction des fibres à partir des tiges. Les phases de décorticage et de dégommage sont délicates et le procédé de rouissage traditionnel complexe. Une autre méthode a donc été adoptée : un procédé « en vase clos » utilisant la vapeur.


Les fibres de ramie sont récoltées, puis subissent les étapes suivantes :

- le dépelliculage, consistant à enlever la partie la plus externe de la tige

- le décorticage (manuel ou avec une décortiqueuse mécanique en fonction des pays d'exploitation et du coût de la main d’œuvre)

- le dégommage, consistant à isoler les faisceaux de fibres et éliminer les pectines, procédé industriel utilisant une autoclave remplie d’eau bouillante mélangée à de la soude ou du savon alcalin

- le procédé en vase clos, consistant à séparer la chènevotte (partie ligneuse de la tige) et l’écorce (où se situent les fibres) sous l’action de la vapeur ou d’air chaud

- blanchiment des fibres optionnel (si elles se destinent à une teinture aux teintes claires; pour les coloris foncés ou pour conserver l’aspect naturel des fibres, on peut se passer de ce blanchiment)

Figure 1: aspect du ramie au cours de sa transformation

Remarque : le rouissage utilisé pour le lin ou le chanvre par exemple est une opération difficile avec le ramie car les fibres risquent d’être altérées.


Propriétés et particularités du ramie


Tout d’abord c’est son imputrescibilité qui lui a valu de servir dans la préservation des corps (momification) durant l’Égypte Ancienne. Sa brillance lui vaut la dénomination de « soie végétale ».

Figure 2: fibres de ramie brillantes "aspect soie"

De plus, les fibres de ramie sont également très solides, ce sont les fibres naturelles ayant le meilleur rapport ténacité/finesse, leur charge spécifique de rupture est remarquable (70 à 80 cN/tex contre 55 à 60 cN/tex pour le lin et 25 à 45cN/tex pour le coton). Elles présentent également une bonne capacité d’absorption de l’humidité et des colorants, éléments importants pour une utilisation dans le domaine de l'habillement.


Les fibres de ramie seraient également anti-bactériennes et résistantes à la lumière. Cependant la propriété anti-bactérienne peut perdre en efficacité au cours de la transformation.


Applications diverses


Figure 3: tissu 50% ramie - 50% coton

Les fibres de ramie peuvent être transformées en fils ou cordages, remarquables pour leur solidité.



Les fils à coudre en ramie peuvent être utilisés pour la maroquinerie, la confection des chaussures, mais aussi pour la confection de filets et de dentelles. Après tissage et teinture, ils sont employés à la fabrication de linge de maison ou à la confection d’étoffes pour l’habillement ou l’ameublement, généralement en mélange avec d'autres fibres plus courtes.




Les fibres de ramie se retrouvent également dans le secteur des textiles alimentaires grâce à ses propriétés d’imputrescibilité et d’absorption, par exemple dans l’égouttage et l’affinage du fromage ou du caviar.

Figure 4: Veste Saint Laurent 77% coton - 23% ramie

Développement durable


La culture du ramie ne nécessite pas l’utilisation de pesticides et consomme peu d’eau, ce qui en fait une culture dite écologique, en comparaison avec d’autres fibres telles que le coton, très consommatrice en eau (entre 5 400 et 19 000 litres d'eau pour produire 1 kg de coton) et polluante.


Cependant, l’utilisation de la soude dans le procédé de transformation est néfaste pour l’environnement. En effet, la soude caustique (de formule NaOH) modifie le pH des eaux usées ce qui peut polluer les nappes phréatiques, nuire à la vie aquatique ainsi qu'à l’agriculture.


Sources


- « Old Joe & Co: un peu de ramie dans ce monde de workwear brut », Démian Peeters, 13 mars 2017, disponible sur: <https://abhras.style/reviews/old-joe-co-ramie-workwear> [consulté en février 2019]

- « Les autres fibres naturelles végétales: la ramie », Chiraz, 4 mai 2012, disponible sur: <https://environnement.savoir.fr/les-autres-fibres-naturelles-vegetales-la-ramie/> [consulté en novembre 2018]

- « Les nouvelles fibres textiles écologiques » Jean-Marie, 23 avril 2014, disponible sur: <https://www.consoglobe.com/nouvelles-fibres-textiles-ecologiques-cg> [consulté en décembre 2018]

- « Valorisation de la fibre: logistique et première transformation », Laurent Didier, disponible sur: <https://www.eplagro55.fr/fileadmin/user_upload/pdf/Innovations/Ortie/fibres_CdE.pdf> [consulté en février 2019]


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