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La fibre d'ananas : le tissage traditionnel

Dernière mise à jour : 17 févr. 2019

Le tissage en fibres d'ananas est une technique traditionnelle Philippine. Les fibres sont extraites de la feuille et on obtient un fil naturel d'origine végétale. Le fil obtenu est appelé la piña.

À l'origine, de nombreux produits locaux étaient réalisés en fil d'ananas, que ce soit des vêtements, ou même des sacs.

Aujourd'hui encore, la principale et la plus ancienne manufacture de piña se trouve à Kalibo, aux Philippines. Sa production est exportée par exemple en Amérique du Nord, ou encore en Europe.

La piña, combinée à la soie, est considérée comme la reine des étoffes philippines.


Le process : de la fibre au fil

La première étape dans la réalisation du fil d'ananas est de récolter les feuilles d'ananas, qui sont des déchets de la production.


Figure 1 : Récolte des feuilles d'ananas

Les fibres, naturellement longues, sont alors extraites des feuilles. Aujourd'hui encore, cette étape est faite manuellement, de manière traditionnelle, bien qu'une machine ait été développée par Ananas Anam, l'entreprise développant le Pinatex.



Figures 2 & 3 : Extraction des fibres

La technique utilisée pour extraire la fibre de la feuille est le raclage. Une fois cette étape réalisée, les fibres sont lavées, généralement à l'eau de rivière, et séchées.


Figures 4 & 5 : Lavage et séchage des fibres de banane

Les fibres sont ensuite nouées une à une à la main, ce qui permet alors d'obtenir un fil continu. Cette étape, longue et laborieuse, pourrait facilement être industrialisée en effectuant une filature classique de fibres longues.


Les propriétés de la fibre d'ananas

La fibre d'ananas est longue (3 à 9mm), ce qui est un critère de premier choix pour déterminer de la qualité et résistance d'un fil. Le fil obtenu est léger, raide, brillant et transparent.


Applications actuelles et envisageables

La piña est souvent combinée avec du coton, de la soie, du chanvre ou du polyester pour faciliter le tissage du Barong Tagalog, un vêtement de cérémonie philippin transparent qui se porte sur un sous-vêtement.

Figure 6 : Barong Tagalog en piña

Figure 7 : Tenues en piña

Aux Philippines, la principale utilisation des tissus en piña est donc la création de Barong Tagalog, mais également pour des linges de table, des sacs, des napperons et des vêtements. La particularité du tissu est qu'il est raide et transparent tout en étant léger, ce qui peut apporter des propriétés visuelles et tactiles intéressantes, en particulier dans la mode haut-de-gamme.

En effet, de par ces étapes de fabrication longues et nécessitant un certain savoir-faire, et de par la rareté de cette fibre, elle reste assez chère et donc peu applicable en prêt-à-porter dans l'immédiat. Toutefois, en imaginant des process plus industrialisés, ce qui semble envisageable en filant de manière classique, on pourrait imaginer des applications dans la mode.


L'éco-responsabilité de cette fibre

Cette fibre est biodégradable, et propose une manière intéressante de valoriser des déchets de la production d'ananas et une opportunité d'ajouter un revenu aux producteurs.

Cette technique est d'ailleurs valorisée par la Rurungan sa Tubod Foundation (RSTF), une organisation à but non lucratif basée aux Philippines, proposant des emplois pour les femmes dans des zones rurales particulièrement touchées par la pauvreté en leur enseignant la technologie de tissage de la piña. La fondation aide également ces femmes en leur fournissant une infrastructure leur permettant de s'engager dans cette forme d'art durable.

Le développement de la piña représente donc un véritable effort sur l'impact écologique et sociétal, en proposant une alternative éco-responsable. Toutefois, il est important de nuancer ce constat en tenant compte de la culture de l'ananas aux Philippines, qui est une culture intensive et n'est donc pas sans ses impacts négatifs. Les exploitations d'ananas aux Philippines représentent 70 000 hectares, dont 85% sont contrôlés par des sociétés transnationales.

Ces productions d'ananas utilisent un nombre important de produits chimiques, comme des pesticides, des engrais ou encore des herbicides. De plus, Dolefil, une de ces sociétés transnationales, a déjà été accusée par le passé d'avoir des plantations associées à de mauvaises conditions de travail, un manque d'avantages sociaux ou encore une insécurité de l'emploi.

Bien sûr, le piña étant un sous-produit de la culture de l'ananas, ils ne sont pas directement en cause des impacts négatifs de cette dernière, et il est évidemment mieux d'exploiter les déchets de cette culture que d'opter pour un nouveau processus de production qui engendrerait à nouveau des déchets ou d'autres impacts.

Le piña ne semble donc pas une solution parfaite pour régler les problématiques de l'industrie textile d'aujourd'hui, mais apparaît comme une très bonne alternative, bien qu'encore chère. On ne peut l'envisager peut être uniquement pour des créateurs et du haut-de-gamme, mais qui seraient les pionniers du changement.


Sources :

WIKIPEDIA. Piña Disponible sur : <https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%B1a> (Février 2019)

TEXTILE STUDY CENTER. Clothing made from pineapple fiber called pina Disponible sur <https://textilestudycenter.com/clothing-made-from-pinapple-fibre-called-pina/> (Février 2019)

RURUNGAN. Disponible sur <http://rurungan.org/> (Février 2019)

TEXTILETODAY. Clothing made from pineapple fiber Disponible sur : <https://www.textiletoday.com.bd/clothing-made-pineapple-fiber/> (Février 2019)

“A Study on the Production Methods of Conventionally-grown Pineapples in the Philippines” Disponible sur : <https://www.naturskyddsforeningen.se/sites/default/files/conventional_pineaple_production_philippines.pdf>

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